Un jeune écrivain brésilien, expatrié, est retourné au Brésil et a passé une soirée décontractée avec des membres de notre groupe de Curitiba. Lui ne savait pas qu'il s'agissait de personnes de la DeRose Method, des élèves et des professeurs. Et c'est tant mieux, parce qu'ainsi il était totalement réceptif à l'expérience de passer du temps avec notre égrégore, sans aucune idée reçue. Le texte qui suit est ce qu'il a écrit avec le titre cité en intitulé:
"Ça fait du bien d'être avec des personnes qui ne se préoccupent pas avec la politique. Ou avec les tendances de la littérature contemporaine. C'est bon d'être avec des personnes qui rient d'elles-mêmes et des autres sans aucune perversité. Qui ne jugent pas. C'est bon d'être avec des gens.
J'ai passé à Curitiba une nuit extrêmement agréable avec des amis. Oui, je ne connaissais le nom que de deux ou trois d'entre eux. Mais, c'était, comment dire, oui des amis. Parce que je me suis senti totalement à l'aise, comme ça ne m'était pas arrivé depuis des années, d'être vraiment moi-même. Et qui suis-je ? C'est une question que je me pose avec une régularité à la fois effrayante et déprimante. Je suis celui qui était là-bas, debout sur le banc en train de manger un morceau de pain avec plein de beurre. Enchanté.
Cinq heures sans aucune conversation sérieuse.Aucune théorie de conspiration, aucune plainte, aucune peur. Nous étions, à nouveau, des enfants au jardin d'enfants – et c'était agréable! En rentrant à la maison je me suis rendu compte que nous avions passé cinq heures – cinq heures! –à faire des jeux de mots idiots dignes de Praça É Nossa (feuilleton comique brésilien). Nous avons ri. Nous avons beaucoup ri. Nous étions bêtes et délicieusement heureux.
Vous pouvez penser que nous étions ivres. Mais..non! Il n'y avait pas une seule goutte d'alcool à cette fête. Nous étions enivrés du fait simplement d'être ensemble. Nous appartenions tous à la même génération, nous avions vécu plus ou moins les mêmes choses. Nous recherchions des choses très différentes, c'est vrai. Mais le temps nous unissait. J'avais toujours vu le Zeitgeist comme un monstre. Je découvris cette nuit qu'il pouvait aussi être une chimère sympathique.
Je suis désolé d'avouer que je sens un manque de ce partage avec des personnes dont l'unique objectif dans la vie est ce petit bonheur, si adorable. Un bonheur qui ne cherche pas à s'expliquer à travers des références poétiques ou philosophiques. Un bonheur qui est, simplement. Nous n'étions pas une bande d'idiots dans cette maison. Chacun de nous, je le percevais, se sentais maître d'une existence unique, marquée d'opinions elles aussi uniques. Toutes ces personnes étaient admirables pour leur individualité. Et louables, parce qu'aucune ne cherchait le plaisir en massacrant la diversité.
Cette nuit là j'ai été heureux. J'ai dit ce que je pensais, sans peur d'être juger. Et même mieux: plusieurs fois j'ai dit ce que je ne pensais même pas. Personne n'a élevé la voix. Personne n'a fait la tête. Personne n'a ravalé une opinion par crainte. Personne n'a émis d'opinion pour se montrer intelligent.
Je m'en allais dans la nuit de mon pas le plus joyeux. Je fais de petits sauts quand je me sens ainsi. La nuit était fraîche, même si nous étions en novembre. Le chemin pour rentrer chez moi me sembla trop sûre et trop réconfortant. Je m'allongeai sur mon lit. C'était l'anniversaire de mon ami Alessandro. Nul besoin de dire que celui qui avait gagné le plus beau cadeau c'était moi".
Paulo Polzonoff Jr.